Témoignage : un suivi avec Chloé Vic et Clio Marshall

« Les premières difficultés avec Isis sont apparues le jour où elle s’est mise à secouer la tête au travail. Cela coïncidait avec l’arrivée du printemps et donc des insectes. Ces signaux n’étant pas très prononcés au début, nous sommes restés là dessus, en essayant juste de mettre des bonnets. Malheureusement cette défense s’est accentuée, arrivant de plus en plus souvent, de plus en plus violemment. Les autres défenses ont suivi. Nous pouvions de moins en moins lui toucher la tête et il devenait difficile de lui mettre le filet. Autre signe indicatif, elle travaillait davantage mais ne s’étoffait pas du tout.

Sur cette période, j’ai donc commencé à éliminer des pistes en vérifiant les dents et en faisant venir l’ostéo, même si elle était déjà suivie avant. Un problème de dents éliminé, il s’avérait qu’elle avait beaucoup de tensions musculaires et des blocages niveau crânien, mais rien qui ne justifiait ses réactions et surtout rien qui ne la soulageait. Les blocages revenaient de séances en séances. J’ai ensuite fait intervenir un saddle fitter, une masseuse puis une physiothérapeute. Rien de probant.

Ces soins se sont déroulés sur plusieurs mois, des mois où mon coach et moi continuions de la monter puisque le discours ambiant était à base de « elle est jeune, elle te teste, il ne faut pas la laisser faire ». Mais plus nous avancions dans le temps, plus elle se défendait et plus je sombrais… Je me sentais de plus en plus seule face à toute cette errance. Je sentais au fond de moi qu’il y avait un réel problème, une vraie souffrance mais je faisais confiance aux professionnels. Il y avait des jours avec, des jours sans et cela allait dans leur sens.

Ma seule lueur d’espoir était Clio… Clio étant une amie de longue date (et oui ma vieille !), elle a suivi tout mon parcours avec Isis. Elle était venue plusieurs fois me donner cours en Normandie. Elle m’a suivi pendant tous ces mois de doutes. Au vu de ma détresse, Clio a commencé à en parler autour d’elle et notamment à Tasmin. Mes espoirs reposaient donc sur Clio, Tasmin et Mathilde (mon ostéo sur place) qui, elles, avaient compris aussi que cette jument souffrait et tentait de nous l’expliquer. Et puis un jour, il y a eu l’événement de trop où j’ai compris qu’il fallait que je l’aide, vraiment.

En accord avec cette équipe, j’ai contacté le vétérinaire. Mais difficile de poser un diagnostic et surtout de savoir quoi chercher quand pour seul symptôme, vous avez une jument qui secoue la tête de temps en temps (le headshaking avait déjà été écarté). Heureusement, ce vétérinaire a tout de suite vu des anomalies au niveau des muscles de la tête et à proposé de faire des images. Quelques semaines après, le diagnostic était posé : Isis souffre d’une bursite occipitale chronique avec minéralisation du ligament nuchal. Cette pathologie se déclare sur les chevaux de courses d’obstacles ayant chuté sur la nuque, ou sur les chevaux de dressage montés en hyperflexion.

La bursite était conséquente et le ligament était abîmé sur environ 4 cm. Une infiltration a été faite pour soulager la bursite mais pour ce qui était du ligament abîmé, il n’y avait pas grand chose à faire. Le pronostic « sportif » du vétérinaire était assez pessimiste me disant que je pouvais continuer de la monter mais qu’il y aurait des jours avec et des jours sans. Et qu’il faudrait s’adapter à l’évolution de la minéralisation, le risque étant que celle-ci s’étende davantage.

Après presque deux ans d’errance, j’étais soulagée de connaitre le diagnostic, même si beaucoup d’interrogations se bousculaient. J’ai repris le travail tout doucement et en effet il y avait des jours sans… Clio a continué de me suivre à distance en me donnant des exercices de travail à pied. Isis devenait plus confortable mais montrait beaucoup de signaux d’inconfort et notamment beaucoup de comportements de substitution ce qui rendait les exercices difficiles. Étant toute seule à devoir gérer ça, je me disais que je n’avais pas les épaules assez solides et surtout pas les compétences nécessaires pour poursuivre. Je commençais donc à me résigner de ne plus pouvoir la monter et devoir la laisser vivre sa vie au pré.

Sauf que l’hiver est arrivé, avec le vent, le froid et la pluie. Isis a commencé a montrer des signes très violents de mal-être au pré : secouer violemment la tête, rester des heures tête basse immobile, encenser… à ce moment-là, j’ai compris que je n’avais pas le choix, que je n’avais pas le droit de la laisser souffrir autant et qu’elle ne pourrait pas vivre sa vie de cheval normalement si on ne rééquilibrait pas tout ça.

Chloé arriva donc dans le game ! Après avoir présenté Isis par vidéo et expliqué ses problèmes à Chloé, Clio proposa qu’elles viennent toutes les deux en Normandie pour faire un Bilan Combiné et voir ce que Chloé, accompagné de tout son savoir, pouvait m’apporter. Je me souviendrai toujours de leurs mots, appuyant le fait qu’elles feraient tout pour m’aider mais qu’elles n’étaient pas sûres de réussir ! Soit ! Je n’avais pas tellement d’autres options. Inutile de préciser qu’à côté de chez moi, Ô Pays du Cheval, je n’ai trouvé personne capable de m’aider.

Elles sont donc venues passer quatre jours à la maison. Chloé a commencé par faire un bilan postural et m’expliquer toutes les compensations physiques qu’avait pris ma jument pour se soulager, ce qui en fait dégradait son état. Nous avons commencé à mettre en place de nouveaux exercices sous l’œil vigilant de Clio, capable d’interpréter lorsque qu’Isis ne pouvait plus enregistrer les demandes. En quatre jours, Isis n’avait plus le même comportement. Rien de miraculeux, elle commençait simplement à intégrer le fait que le travail n’allait pas toujours être source de douleur et donc de stress. Clio m’a permis de savoir lire ce que me disait ma jument (sachant qu’elle s’exprime très bien) et Chloé m’a permis de comprendre son fonctionnement physique et le mien. Ce sont de vraies professionnelles qui entendent vos doutes, comprennent vos réticences mais sont sûres de ce qu’elles affirment. Les chevaux restent la priorité, elle ne vous vendront pas de rêve, elles mettront tout leur savoir en œuvre afin de vous apporter une solution. Et le bénéfice de travailler en équipe est là ! Si vous avez eu une éducation classique en équitation comme la mienne cela demandera du temps et de l’abnégation, de mettre ses certitudes de côté mais ça vaut tellement le coup !

Les problèmes de ma jument ont été ma plus grande peine et ma plus grande source d’angoisse mais vu où j’en suis aujourd’hui en terme de connaissances et de partage avec ma jument, grâce à cette épreuve, je ne regrette rien !

Clio, Chloé et le Collectif au sens plus large, ont permis de sauver la santé physique de ma jument, ont permis de sauver ma santé mentale et ont surtout permis à une petite propriétaire de loisir seule au fond de son champs humide de croire de nouveau que tout est possible avec sa jument dans le respect et l’écoute. »

Manon R.

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