Biomécanique de l’engagement

La sangle thoracique

Le cheval ne possédant pas de clavicule, sa cage thoracique est « suspendue » entre les antérieurs grâce à de puissantes sangles musculaires : en particulier les pectoraux et le muscle dentelé ventral. Lorsque ces muscles sont engagés, ils permettent à la cage thoracique (et donc au garrot) de remonter entre les antérieurs.

Plus ces muscles sont performants, plus le cheval sera capable de reculer son centre de gravité pour adapter son équilibre à l’exercice (d’autant plus lorsqu’il porte un cavalier, qui s’assoit sur la partie thoracique du dos et vient donc ajouter son poids à celui de la cage thoracique). À l’inverse, sans un maintien correct :

  • La cage thoracique descend entre les antérieurs ;
  • le cheval ne peut pas mettre sa colonne vertébrale en flexion ;
  • le dos s’affaisse, en particulier sous le poids du cavalier ;
  • le centre de gravité avance ;
  • les postérieurs, au lieu de s’engager sous le poids du corps pour venir le soutenir, ne peuvent que le pousser vers l’avant.

Un bon maintien de l’avant-main est l’une des composantes essentielles à un fonctionnement sain du cheval sous la selle.

La métaphore de l’arc et de la corde

Pour mieux se représenter ce qu’il se passe dans le corps du cheval lorsqu’il engage ses abdominaux, on peut se représenter un arc à flèche :

  • le « corps » de l’arc représente la colonne vertébrale du cheval, prolongée à l’avant par les côtes et le sternum et à l’arrière par le bassin.
  • La corde qui relie les deux extrémités de l’arc représente les abdominaux.

Lorsqu’on raccourcit la corde, les deux extrémités de l’arc se rapprochent l’une de l’autre et ce dernier se fléchit. Quand on parle du cheval : si les abdominaux se contractent, le sternum et le bassin se rapprochent et le dos se fléchit.

Si pour une quelconque raison les abdominaux sont incapables de remplir ce rôle, le cheval va au devant de gros problèmes de posture :

  • Le dos se creuse sous le poids du cavalier mais aussi de certains organes ;
  • le bassin ne peut pas s’incliner vers l’avant et permettre l’avancée des postérieurs sous la masse.

La chaîne dorsale

  • Les muscles extenseurs du dos (situés au dessus de la colonne vertébrale), notamment le muscle long dorsal ;
  • les muscles fessiers, en particulier le fessier moyen (situé au dessus du bassin, on le palpe facilement on passant la main sur la croupe du cheval) ;
  • les muscles fémoraux caudaux, situés à l’arrière du fémur (principalement le biceps fémoral et le muscle semi-tendineux, représentés sur la deuxième image).

Ces muscles doivent être suffisamment souples pour permettre la montée du dos et l’avancée des postérieurs sous la masse. Certains chevaux ont naturellement la souplesse nécessaire, tandis que d’autres vont devoir être travaillés de façon progressive pour acquérir cette capacité.

Une fois que le cheval est capable d’amener ses deux postérieurs sous son centre de gravité, on peut amener ces derniers à se fléchir en reportant petit à petit de plus en plus de poids sur l’arrière-main.

Conclusion

Les trois composantes que nous avons abordé jouent toutes un rôle fondamental pour permettre l’engagement des postérieurs :

  • la sangle thoracique s’engage et fait remonter la cage thoracique entre les antérieurs (flèche verte), le garrot monte également.
  • Les abdominaux se tendent (flèches rouges). Ils agissent sur le sternum et le bassin et mettent ainsi la colonne vertébrale en flexion.
  • Les muscles extenseurs de la colonne vertébrale, le fessier moyen et les fémoraux caudaux s’étirent (flèches bleus) et permettent la montée du dos et l’avancée des postérieurs.

Si l’une ou l’autre de ces actions ne peut pas s’effectuer, on entre dans un cercle vicieux. Par exemple, si la cage thoracique n’est pas maintenue correctement, elle descend entre les antérieurs, entraînant avec elle le garrot et les vertèbres thoraciques. Pour freiner cet effondrement, les extenseurs de la colonne vertébrale se contractent, le dos se creuse, se fige et l’étirement de ces muscles devient impossible. Sans l’allongement des extenseurs, les abdominaux ne peuvent plus remplir leur rôle de fléchisseurs de façon efficace. Les postérieurs ne peuvent plus s’avancer correctement sous la masse et le cheval n’aura pas d’autre choix que de reporter plus de poids sur l’avant-main, surchargeant d’avantage encore la sangle thoracique (etc…)

En revanche, si on parvient à maintenir le meilleur équilibre possible entre ces trois composantes, on peut amener le cheval dans un cercle vertueux qui lui permettra de fonctionner de façon optimale.

Je ne peux pas vous donner de recette pour parvenir à cela. C’est un travail qui demande du tact, du temps, de la réflexion et qui doit s’adapter à chaque cheval. En revanche, j’espère sincèrement qu’en prenant un peu plus conscience des phénomènes biomécaniques qui sont en jeu, on améliorera notre façon de travailler les chevaux et donc leur santé et leur bien-être.

Chloé Vic

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